Analyse de l'Incident du Lundi 29 Février 2016
1. Faits initiateurs
Lundi 29 février 2016 à 8h05 le plus gros groupe thermique démarré de la centrale d’EDT, le G8P déclenche.
1.1 Historique Mistral:


Graphique 1 : Production des groupes thermiques en fonctionnement
1.2 Déroulé des événements :
A 8h05 le G8P déclenche et par la suite un délestage de 32 départs clientèle est réalisé, soit un délestage total d’environ 40 MW, et d’une ligne de transport 90 kV TEP2 MONT

Graphique 2 : Consommation clientèle du 29/02/2016
Sur 70 MW alimentés initialement sur Tahiti, seuls 30 MW restent alimentés après les déclenchements.
Liste des 32 départs délestés relevés sur Mistral :

Ligne TEP délestée relevée sur Mistral:

Commentaire TEP :
Une partie de ces délestages est automatique, ils sont intégrés dans le calcul de réserve tournante du système de conduite d’EDT, qui met à jour cycliquement la quantité de consommation à délester pour compléter la réserve tournante réellement disponible sur les groupes démarrés.
Leur mise en œuvre est directement associée au signal de déclenchement de chacun des groupes en fonctionnement.
2. Analyses
2.1 Analyse du déclenchement ligne 90kV TEP 2 MONT
A 8h09 la ligne 90kV TEP 2 MONT a été délestée manuellement par le dispatching suite à l’apparition d’un MAX U durant environ 10 minutes.
2.1.1 Historique du PCCLG PIM90 :

Commentaire TEP :
Le seuil de l’alarme se situe à 95 kV et le déclenchement à 100 kV. La tension est donc stabilisée puisqu’elle demeure dans cette plage durant ces dix minutes.
L’ouverture volontaire par le dispatcher peut avoir pour objectif de diminuer l’effet capacitif des câbles souterrains se retrouvant à faible charge suite aux déclenchements et ramener la tension en dessous du seuil d’alarme.
2.1.2. Historique du PCCLG PSUD1 :
Du côté de PSUD1 le blocage des régleurs a correctement fonctionné.

2.2. Analyse de la réserve tournante
Avant l’incident, 3 groupes été raccordés au réseau : G1P, G5P et G8P soit une production d’environ 36 MW.
Le plus gros groupe démarré étant le G8P avec une puissance de 13.84 MW. Aucune réserve hydraulique n’est prise en considération, les groupes fonctionnant à leur maximum de puissance.
Si l’on calcul la différence entre les Pmax des groupes démarrés et leur point de fonctionnement juste avant l’incident à 8h00, la réserve tournante thermique disponible est de 7.91 MW.
2.2.1. Extraction Mistral :

Commentaire TEP :
On remarque donc qu’avant l’incident, la réserve tournante était insuffisante pour faire face à la perte du plus gros groupe en production (incident de référence devant servir de base au calcul de la réserve primaire nécessaire), soit un déficit d’environ 6 MW.
Dans ces conditions, il est impossible d’enrayer une chute de fréquence lors du déclenchement du plus gros groupe, ce qui s’est produit concrètement.
On notera de plus qu’en période de montée de charge, la notion de réserve tournante ne permet pas d’appréhender la proportion réelle de réserve primaire disponible, seule efficace pour corriger automatiquement la tendance à la baisse de la fréquence due à l’augmentation continue de la charge.
Il est de coutume que le dispatcher s’assure d’une réserve plus importante durant ces périodes.

Graphique 3 : Représentation de la RTT en fonction du Pmax groupe
3. Conclusion
Le manque de réserve tournante thermique lors du déclenchement du G8P est à l’origine des délestages successifs des 32 départs clientèle, soit une puissance totale délestée d’environ 40 MW.
Ces déclenchements auraient pu être évités si la réserve tournante thermique était suffisamment importante pour couvrir la perte du G8P (soit 13.84 MW), tout en tenant compte de la montée en charge en début de matinée et en jour ouvrable.
Le placement des moyens de production doit tenir compte de la réserve tournante thermique durant les jours ouvrables et être plus réactif lors de la montée en charge.